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par Oksana Bailleul

E-Learning

Et si le digital learning devenait éco-conçu ? Formation responsable, mythe ou vraie nécessité ?

Le numérique n’est pas neutre. Streaming, cloud, serveurs… chaque module a un impact. L’éco-conception, c’est concevoir des formations plus légères, plus sobres, et tout aussi efficaces. Une nouvelle compétence pédagogique, au service d’un apprentissage durable.

Dans l’imaginaire collectif, la formation à distance est souvent perçue comme une alternative verte à la formation en présentiel. Moins de déplacements, moins d’impression papier, moins de salles allumées toute la journée. Sur le papier, le digital learning coche toutes les cases d’une approche plus durable.

Mais dans les faits, cette équation est un peu plus complexe.
Le numérique n’est pas immatériel. Il consomme. Beaucoup.

Vidéos HD en streaming, serveurs, outils collaboratifs, mise à jour de plateformes, stockage cloud… Tous ces éléments laissent une empreinte carbone réelle, souvent invisible pour les concepteurs de formation.

Alors, faut-il s’alarmer ? Ou simplement faire mieux ?

C’est ici que l’éco-conception entre en jeu. Pas comme un gadget marketing. Mais comme une vraie boussole pour concevoir intelligemment et durablement.

Le poids écologique du digital learning : quelques repères

Ce n’est pas parce qu’un module est “en ligne” qu’il est forcément léger pour la planète.
Quelques chiffres (source : Newton Agence, The Shift Project) :

  • 1h de vidéo HD streamée = environ 150 à 200 g de CO₂
  • Un module e-learning de 30 min avec contenus riches (vidéos, animations, quiz) = jusqu’à 350 g de CO₂ par utilisateur
  • Une formation suivie par 500 apprenants ? C’est potentiellement plus de 100 kg de CO₂ émis, simplement pour diffuser le contenu.

Et cela sans même compter les appareils utilisés, la maintenance des serveurs, ou encore les contenus stockés sans jamais être réutilisés.

Pourquoi penser éco-conception maintenant ?

Parce que le numérique, c’est bien… mais pas neutre.
Et que la transition écologique s’invite aujourd’hui dans tous les secteurs, y compris celui de la formation.

L’éco-conception dans le digital learning consiste à réduire l’impact environnemental d’un module tout au long de son cycle de vie : conception, développement, diffusion, archivage.

Les bénéfices sont multiples :

  • Des contenus plus accessibles (moins lourds, plus simples à charger sur tous types d’appareils)
  • Une meilleure maintenabilité (des parcours sobres sont plus faciles à mettre à jour et à réutiliser)
  • Une expérience apprenant plus fluide (moins d’effets visuels inutiles, plus de clarté)
  • Un engagement RSE crédible pour les organismes de formation ou les départements RH

Comment intégrer l’éco-conception dans vos parcours de formation ?

Pas besoin de tout réinventer. Voici quelques leviers concrets pour amorcer une démarche responsable :

  1. Commencez par un audit. Évaluez la taille de vos modules, la fréquence de mise à jour, le poids des médias utilisés, la consommation de bande passante.
  1. Allégez vos contenus
  • Limitez les vidéos lourdes (ou proposez-les en téléchargement local)
  • Favorisez des formats simples et légers (texte + audio)
  • Supprimez les effets visuels superflus (transitions, animations inutiles)
  1. Choisissez des outils responsables
  • Privilégiez un hébergeur local et transparent sur sa politique environnementale (ex. : OVH), ou des solutions e-learning hébergées en France ou en Europe, alimentées majoritairement par des énergies bas carbone. Vérifiez aussi leurs engagements en matière de sobriété numérique.
  • Préférez les LMS open source avec des options de sobriété numérique
  1. Formez vos équipes

Des acteurs comme l’ADEME ou le Pôle Éco-Conception proposent des ressources et formations sur l’éco-conception appliquée au numérique et à la pédagogie.

Et demain ?

Demain, les critères RSE pourraient être intégrés aux audits Qualiopi.
Demain, les appels d’offres intègreront probablement des exigences en matière de durabilité numérique.
Et demain, vos apprenants eux-mêmes vous poseront la question :
« Est-ce que votre module est vraiment responsable ? »

Conclusion : faire sobre, c’est faire mieux

L’éco-conception n’est pas une option marginale.
C’est une opportunité d’innover, de concevoir avec bon sens, et de replacer la pédagogie au cœur de l’expérience, sans alourdir inutilement nos infrastructures.

Moins de friction, moins de charge cognitive, moins d’émissions.
Et plus de clarté, de fluidité, d’impact.

Le numérique durable est une compétence pédagogique à part entière.
Et si on commençait maintenant ?

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