Les neurosciences nous ont appris comment le cerveau encode, retient, oublie, s’ennuie… ou se passionne.
Mais elles ont aussi, sans le vouloir, déclenché une épidémie de malentendus pédagogiques.
Résultat ? Des modules de formation conçus sur des bases fausses, des outils pédagogiques mal calibrés, et des discours qui sonnent “scientifiques” mais qui ne tiennent pas la route.
Alors on a décidé de faire le tri. 5 idées reçues à mettre à la poubelle. Et surtout, des pistes concrètes pour concevoir des formations plus intelligentes, vraiment.
Idée reçue n°1 : “On n’utilise que 10 % de notre cerveau”
Cette phrase, on l’a tous entendue. Et elle est complètement fausse.
Ce mythe vient d’une citation mal interprétée au début du XXe siècle. Depuis, toutes les études en neuroimagerie l’ont démonté : on utilise bien 100 % de notre cerveau. Pas tout le temps, pas pour tout, mais chaque zone a sa fonction, même dans les tâches les plus basiques.
Le vrai problème ? Croire à ce mythe, c’est croire qu’on pourrait “booster” le cerveau comme on installe une mise à jour logicielle.
À faire à la place :
Proposez des parcours d’apprentissage qui stimulent différentes dimensions : raisonnement, émotion, mémoire, action.
Le cerveau aime la diversité. Donnez-lui des contenus variés, multisensoriels, et bien rythmés.
Idée reçue n°2 : “Il faut adapter la formation au style d’apprentissage de chacun”
Visuel, auditif, kinesthésique… vous connaissez sûrement cette grille.
Et vous avez peut-être même conçu des modules autour de ça. Le problème ? Aucune étude sérieuse ne confirme l’efficacité de cette théorie.
Les “styles d’apprentissage” relèvent davantage d’un effet placebo que d’un fondement scientifique. À vouloir trop coller à ce que l’apprenant croit être “son style”, on risque de l’enfermer.
À faire à la place :
Misez sur la variété et la complémentarité. Une vidéo animée + un schéma + un petit quiz = une activation croisée des canaux cognitifs. C’est ça qui renforce la rétention, pas un hypothétique “profil” figé.
Idée reçue n°3 : “Le cerveau se repose pendant le sommeil”
Non, le cerveau ne dort pas. Il bosse. Dur.
C’est même pendant le sommeil que l’apprentissage se consolide.
Le cerveau trie les infos, les restructure, les classe dans la mémoire de long terme. Et il élimine aussi le superflu. Si l’apprenant ne dort pas bien après un apprentissage, il retient beaucoup moins.
À faire à la place :
- Espacez les séquences de formation.
- Évitez les formations “marathon” d’une journée.
- Donnez du temps pour assimiler. Parlez de l’importance du sommeil dans vos contenus. C’est peut-être l’outil pédagogique le plus sous-estimé.
Idée reçue n°4 : “Plus on en met, mieux c’est”
C’est faux. Et dangereux.
Un bon formateur ne montre pas tout ce qu’il sait. Il montre ce qu’il est utile de savoir, au bon moment.
Le cerveau a une mémoire de travail limitée. Quand on la sature, l’information… n’entre pas. Elle glisse. Elle fatigue. Elle décourage.
À faire à la place :
- 1 idée = 1 écran.
- Clarifiez. Hiérarchisez. Simplifiez sans appauvrir.
- Offrez des compléments à ceux qui veulent aller plus loin.
Mais n’encombrez pas. L’apprenant n’est pas là pour admirer votre savoir encyclopédique, il est là pour comprendre vite et bien.
Idée reçue n°5 : “Répéter, c’est ennuyer”
Répéter, c’est ancrer. Pas rabâcher.
Le cerveau adore revoir une information juste avant de l’oublier. C’est ce qu’on appelle la répétition espacée, et c’est l’une des méthodes les plus puissantes pour apprendre durablement.
Le problème, c’est qu’en formation, on veut souvent avancer vite, cocher les chapitres, finir le programme. Et on oublie que ce qui compte, ce n’est pas de tout dire. C’est que l’essentiel reste.
À faire à la place :
- Ajoutez des rappels automatiques à J+1, J+3, J+7.
- Reposez les mêmes concepts dans différents contextes.
- Encouragez les micro-revisions.
Et surtout, assumez que l’apprentissage se joue dans la durée, pas dans l’instant.
En conclusion : exit les mythes, bonjour la science
Les neurosciences ne sont pas là pour vendre du rêve.
Elles sont là pour nous aider à concevoir des formations plus efficaces, plus humaines, plus durables.
Ne les prenons pas comme des gadgets marketing. Prenons-les pour ce qu’elles sont :
Un levier puissant pour mieux comprendre nos apprenants et créer des expériences qui respectent leur cerveau.
Et si on commençait par là ? 😊