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par Oksana Bailleul

E-Learning

Apprendre autrement : quelle(s) pédagogie(s) pour demain ?

Aujourd'hui, on parle beaucoup de "pédagogies actives" et de "pédagogies passives". Mais au fond, qu'est-ce que ça signifie ? Pourquoi cette distinction est-elle si importante ? Et surtout, qu'apportent ces approches aux apprenants d'aujourd'hui ?

Petite histoire des pédagogies actives et passives

Pendant longtemps, l’enseignement s’est appuyé sur la transmission verticale des savoirs : un enseignant qui parle, des élèves qui écoutent et qui, au mieux, prennent des notes. C’est ce qu’on appelle la pédagogie passive. Elle repose sur un modèle où l’apprenant est un récipient qu’on remplit de connaissances.

Mais dès le début du XXe siècle, des voix s’élèvent contre cette approche jugée trop rigide. Des chercheurs en pédagogie comme Jean Piaget et Lev Vygotsky, proposent alors des méthodes plus engageantes, fondées sur l’expérience et l’action. Piaget, avec son approche socio-constructiviste, met en avant l’idée que l’apprentissage repose sur l’expérimentation et la réorganisation des connaissances acquises. Vygotsky, quant à lui, insiste sur le rôle crucial de l’interaction sociale dans l’acquisition du savoir. Ces idées, entre autres, contribuent grandement à la diffusion des théories de l’apprentissage actif.

Active ou passive, quelle différence ?

La différence est simple : dans une pédagogie passive, l’apprenant reçoit l’information de manière unilatérale. Il reste assis, écoute et mémorise. Dans une pédagogie active, l’apprenant est impliqué, il manipule les concepts, réalise des projets, réfléchit par lui-même.

Prenons un exemple concret :

  • Un expert métier explique les lois de Newton en classe et les élèves prennent des notes -> passif.
  • Les apprenants conçoivent une petite expérience avec un ballon et une rampe pour tester ces lois eux-mêmes. -> actif.

Mais attention ! Contrairement à une idée reçue, la pédagogie passive n’est pas à jeter à la poubelle. Il existe des situations où elle reste efficace, notamment pour transmettre des connaissances factuelles. L’idéal, c’est de trouver un équilibre entre les deux.

Pourquoi c’est important aujourd’hui ?

Le monde a changé ! Nous vivons à l’ère de l’information, où savoir mémoriser par cœur ne suffit plus. Ce qui compte, c’est savoir chercher, analyser, critiquer et appliquer les connaissances. Les entreprises recherchent de plus en plus des personnes capables de réfléchir et de résoudre des problèmes complexes. C’est là que la pédagogie active prend tout son sens.

Le modèle ICAP : un continuum d’apprentissage pour un ancrage optimal

Pour mieux comprendre les niveaux d’engagement des apprenants, la chercheuse Michelene Chi a développé le modèle ICAP. Il propose un continuum d’implication cognitive, où chaque niveau s’appuie sur le précédent pour renforcer l’apprentissage et garantir un meilleur ancrage mémoriel.

  1. Passif : premier niveau d’apprentissage, essentiel pour assimiler la théorie. L’apprenant reçoit l’information par la lecture, l’écoute ou l’observation.
  2. Actif : l’apprenant manipule les concepts et met en pratique les notions apprises. Il peut expérimenter, tester des hypothèses, appliquer concrètement les connaissances acquises pour renforcer sa compréhension.
  3. Constructif : l’ancrage se poursuit avec des activités de synthèse. L’apprenant reformule avec ses propres mots, met en relation différentes notions et organise les concepts sous forme de schémas, favorisant ainsi une meilleure maîtrise des compétences.
  4. Interactif : l’étape ultime, où l’apprenant co-construit du savoir avec les autres. En collaborant, en débattant et en confrontant ses idées, il accède à une compréhension plus approfondie et à des perspectives qu’il n’aurait pas pu développer seul.

Ainsi, le modèle ICAP montre que l’apprentissage n’est pas statique, mais progressif. Pour un enseignement efficace, il est essentiel d’encourager les apprenants à progresser d’un niveau à l’autre, plutôt que de les cantonner à un seul type d’activité.

Conclusion : où en sommes-nous ?

Aujourd’hui, l’éducation oscille entre ces différentes approches. Beaucoup d’institutions cherchent à intégrer plus d’activités interactives et constructives, mais la réalité des classes (effectifs, ressources, programmes scolaires chargés) rend parfois difficile une transition totale vers les pédagogies actives.

L’essentiel est donc d’adopter une approche hybride, en combinant intelligemment les méthodes selon les objectifs d’apprentissage. Et si on repensait nos formations en fonction du modèle ICAP ? Parce qu’au final, ce qui compte, ce n’est pas seulement d’apprendre, c’est d’apprendre mieux.

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